02 novembre 2005

Miroir

Au fil de mes lectures vesperales, je me suis surpris à découvrir le portrait d'un homme qui me renvoie furieusement une certaine image du passé, image de moi-même et de ces fantômes auxquels j'ai dédié le premier message de ce blog, il y a quelque temps de cela.

Mêmes obsessions, même volonté de contrôle absolu sur soi-même, même insupportable sentiment de « souillure » lorsque cette volonté faiblit, même perfectionnisme destructeur, reniement et renouveau inlassablement liés et cycliques… Même côté profondément rêveur et réfléchi, même foi inébranlable en soi et en l'avenir, malgré les trébuchements répétés.

Quelque chose nous distingue, pourtant, je ne partage pas cet orgueil qui souvent tend vers un mépris sans appel pour tout ce qui est « impur ». Ma philosophie, au contraire, c'est l'équilibre. L'humilité est une preuve d'intelligence, l'orgueil une preuve de volonté. Savoir marier les deux est la clef du succès. Et pour ma part, ce fut aussi la clef du salut.

Aucun compromis, chez cet être, lorsqu'il renie au fil des pages tout ce qui semble peser sur son âme pour atteindre cette perfection qui l'obsède, sans se rendre compte que le néant est avide de tout lui prendre, que perfection et destruction sont liés, que sa quête est, par là-même, vaine.

Étrange de cheminer à travers les pensées de cet homme confiées à ce Journal. Je me sens curieux de poursuivre mon périple à travers ce labyrinthe étranger, mais dont les chemins me sont familiers, et dont l'issue m'intrigue…

P. S. : L'homme en question se nomme Jean-René Huguenin, mort à 26 ans, auteur de « La côte sauvage » et d'un journal tenu irrégulièrement entre 1956 et 1960, publié quelque temps après sa disparition.

4 commentaires:

Andrea a dit…

Tu as finalement osé mettre le nez dedans ?^^

Ce livre a eu des vertus cathartique pour toute une généreux de poteux ma mère en tête qui m'a passé le conseil lorsque scpo me pesait trop, et c'est plutôt sous l'angle d'un marginal perfectioniste et ambitieux rue St Guillaume que je l'aborde mais cela fait trois ans que je ne dépasse pas la page 100 et qu'à chaque fois, je reprends les premiers chapitres.

Peut-être est-il méprisant mais si la mort ne l'avait pas emporté si vite, il aurait été un écrivain de talent.

D'ailleurs à l'occasion tu devrais dévoiler son identité :) son journal mérite un peu de publicité ^^

Anonyme a dit…

Oui, après un certain temps, tu vois. :) À ma décharge, j'ai une pile de livres grande comme la Tour de Babel au sommet de laquelle trône un papier marqué « À lire ».

Ce qui me fascine, c'est que, le côté marginal, « au-dessus de la plèbe », mis de côté, ses réflexions résonnent en moi comme un écho lointain ; il me semble, et peut-être est-ce là de l'orgueil, tiens, que je suis à même de le comprendre mieux que quiconque… J'ai hâte de finir son Journal, afin de comparer nos évolutions respectives…

Et, effectivement, je suis certes loin d'avoir son talent ! Je crois d'ailleurs savoir que « La côte sauvage » a eu un succès retentissant à sa sortie.

En passant, il s'agit de Jean-René Huguenin, mort à l'âge de 24 ans.

Andrea a dit…

une petite note en bas de page en remettant les détails de son identité, bref un editing de ce post, ne serait pas plus mal, qu'en dis-tu ?

(http://pleinsetdelies.canalblog.com/images/Huguenin.jpg)

Andrea a dit…

Dizsons que je compatis particulièrement à ces questionnements incessants et ce déséquilibre permanent, l'hésitation vis à vis de la motonie de la méthodologie du supérieur :)

De nombreux gens peuvent y trouver leurs miroirs