20 décembre 2009

Réminiscences

Un sentiment étrange l’habitait, comme si l’absurdité de la situation remettait en cause le sens de chaque chose qu’il avait apprise. Comme si les règles avaient changé.

Que se passait il ? N’entendait il, ne voyait il plus rien ? Ou bien ne voulait il plus voir, simplement ?

Est ce que plus rien n’avait de sens ? Ces choses qui l’entouraient, étaient elles réelles ? Ou bien cela n’existait il que dans son imagination, parce qu’il croyait à son existence ? Ou pire, parce qu’il avait décidé que cela existait ?

Renier l’existence de quelqu’un n’est il pas déjà le faire cesser de vivre ?

Que se passe t’il quand rien autour de soi ne semble affecté par votre présence ?

07 décembre 2009

Songes

Je rêve beaucoup. Mes nuits ne sont pas très reposantes. Je ne sais pas si ça a toujours été comme ça, mais cela fait longtemps que je me réveille très fatigué. Quelques heures de « vrai » sommeil, puis au beau milieu de la nuit j’ouvre les yeux. Je n’ai aucune difficulté à me rendormir, mais ce n’est pas un sommeil profond. Très haché, au contraire, et toujours peuplé de rêves. Chaque éveil, jusque au lever, est ainsi le prolongement de l’activité nocturne de mon cerveau. Conscience et inconscience font partie du même espace Schengen, et les pensées oniriques franchissent systématiquement la frontière. Je me souviens toujours de mes rêves.

Je me souviens — sans doute à jamais — d’un certain nombre d’entre eux, même si la plupart du temps il ne s’agit que de fragments. Les plus âgés remontent à ma petite enfance. Parfois, il m’arrive de me souvenir d’un seul coup de l’un d’entre eux, lorsque quelque chose en rapport avec ce rêve vient frapper mes sens. Il s’agit alors le plus souvent de rêves récents. Plus rarement, il m’arrive de me remémorer un très vieux rêve sans la moindre raison, comme s’il me frappait tel un éclair, et sans même qu’il ait la moindre signification. Étrange.

Peut-être est ce l’âge, mais j’ai l’impression de ne plus rêver que de choses « réalistes », ou disons en rapport avec ma réalité. J’ai souvenir de rêves beaucoup plus fantasmagoriques — bien que toujours liés d’une façon ou d’une autre à quelque chose en rapport à ma vie —, mais ils me paraissent dater du temps où je mesurais quelques décimètres de moins… J’aime à m’en remémorer certains — du moins lorsque j’arrive à les extirper du grenier poussiéreux de ma mémoire. Je suis à Pierric devant la première maison que nous habitions. J’ai le pouvoir de changer la couleur du ciel à ma guise, et même de le rendre multicolore. Je suscite l’intérêt des gens, mais mon frère me jalouse, et je suis triste pour lui, jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’il a le pouvoir de faire briller les étoiles, la nuit.

La plupart de mes cauchemars sont vieux, eux aussi, bien que je me souvienne d’une expérience pas si vieille et assez étrange, au réveil… Persuadé qu’un avion s’est écrasé sur l’appartement que je partage avec mon frère, à Nantes, j’ai l’impression d’être projeté par le souffle de l’explosion et j’attends à la fois avec angoisse et sérénité le moment de la chute, à moitié conscient, à moitié inconscient…

Souvent, même si ça ne m’est pas arrivé depuis un moment, je rêve d’accidents de voitures. Je suis quasiment toujours au volant. Les freins répondent à retardement et la voiture met une angoissante éternité à s’immobiliser, quand elle ne va pas dans le décor. Quand j’étais plus jeune et sans permis, il m’arrivait de rêver être poursuivi. Mes jambes étaient lourdes comme du plomb et semblaient elle aussi mettre un temps angoissant à réagir à mes mises en mouvement.

Pourtant, étrangement, je m’en sortais toujours. À chaque fois, je ressens comme un refus obstiné. Le refus de ma mort. Le simple fait de la rejeter aussi viscéralement fait que je trouve systématiquement un échappatoire dans mes rêves. Les rares fois où j’ai rêvé mourir, ce n’était pas au cours de cauchemars, et je continuais à vivre dans mon rêve, que ce soit en fantôme ou en hôte de l’Au-Delà.

À très peu de reprises, j’ai rêvé que j’étais aimé. Ces songes sont parmi les plus agréables qu’ils m’aient été donné de faire. Nul érotisme ne les teinte (mais j’en ai aussi eu quelques uns dans ce genre, qui n’allaient toutefois jamais très loin), juste de la tendresse. Une tendresse que je ressens aussi quand j’ai la chance de rêver d’êtres chers perdus de vue et que je retrouve par delà le temps, l’espace et l’empathie dans le domaine de Morphée. Le plus agréable des rêves est celui où je revois et reparle à mon premier amour, simplement en tant qu’ami, sincère et heureux. Ceux là me sont aussi rares et précieux que des tâches de soleil sur le sol d’une forêt si dense qu’elle ne laisse en temps normal jamais passer la lumière. J’aimerais ne pas me réveiller dans ces moments.

Les méandres de mon subconscient m’emmènent sur bien d’autres chemins oniriques, mais il est temps, justement, de retourner les parcourir. Faites de beaux rêves.

05 octobre 2009

Sang et sève

Je suis un ent.

L’arbre parmi les mille qui composent mon labyrinthe végétal. Le promeneur qui en parcoure les chemins tourmentés.

J’ai le calme et la patience de ces créatures, bien que ce soit autant naturel que forcé. Je ressens le même éloignement vis à vis des canons de la normalité humaine. Une humanité perdue.

J’ai poussé contre les éléments… Mes racines ont manqué de se noyer. Le gel a fait frissonner mes vaisseaux quand la chaleur de mon cœur s’en est allée. Mon tronc est noueux, mes branches torses d’avoir trop lutté contre le vent.

Je suis d’un bois d’essence hivernale, ne connaissant pas — plus — la chaleur.

Pourtant je grandis, lentement, fatalement. Ma cime caresse l’espoir dérisoire de toucher un jour les étoiles.

Les feuilles sont mes réflexions, leur chute les entraîne nourrir la terre, où germent pour fâner les graines de mes projets morts-nés.

De mon passé, il ne reste que des fleurs de souvenirs que butinent mes pensées.

21 août 2009

Regards croisés

Échanges fugaces, de part et d’autre d’un quai de gare… De train à train, l’attente, l’étonnante absence d’imagination dans l’évanescence d’un lien fragile et tremblant, brisé, recréé, rebrisé… La tendre amertume d’une fatalité aux multiples visages, éclairée par son sourire le moins cruel envers mes illusions.

Puis le vide.

13 juin 2009

Ô Temps…

La poussière tend à s’accumuler sur ces pages. C’est que mon plumeau est occupé ailleurs. Voilà en effet un moment que je m’affaire à arracher les toiles d’araignées de mon grenier virtuel où photos, journaux, méls et autres s’entassent sur des supports divers et variés : CD, disques durs, clefs USB… Comme des cartons que l’on remplit à la hâte avant un déménagement et que l’on pose dans un coin en se promettant de s’en occuper plus tard, parce qu’on n’a pas le courage de s’y mettre maintenant mais qu’on tient quand même à ces vieilleries… Le temps et l’ampleur de la tâche se chargent alors d’émousser cet attachement jusqu’à le faire disparaître, et toutes ces choses autrefois précieuses dont on ne se serait débarassé pour rien au monde finissent à la poubelle.

Mais jeter le moindre souvenir du passé est pour moi un crève-cœur, et j’ai suffisament de courage pour m’attaquer à ce travail d’archivage qui ferait passer les douzes travaux d’Hercule pour des paris de cour de récréation. Ainsi donc, quand la vie oublie que j’existe et me laisse un peu tranquille, je trie, range, regarde, relis… Parfois j’esquisse un sourire, parfois je plonge dans des abîmes de mélancolie… Souvent l’envie me prend de renouer le contact, mais souvent il est bien tard…

Mon cœur n’a pas fini de jouer les montagnes russes, étant donnée la masse de documents qu’il me reste à traiter. Mais même lorsque la nostalgie me gagne, un plaisir difficile à identifier demeure. Peut-être la simple satisfaction de mes instincts d’archiviste, peut-être le plaisir de converser en silence avec les fantômes des moments heureux de ma vie.

10 mars 2009

Édition collector

Je doute qu’il existe un seul exemplaire de cet album de par le monde, c’est vous dire son incomparable rareté…

Le très respectable Arvind Shah, docteur en physique et lauréat du prix Becquerel 2007 (coucou a lui s’il tombe sur ces pages), a donc changé de profession et de sexe (mais pas de nationalité) le temps de vous intérpréter « makes us human », titre mystérieux dont l’absence de sujet invite chacun d’entre nous à délivrer sa propre réponse à la question posée par un sourire aussi énigmatique que celui de la Joconde : « au fond, qu’est ce qui nous rend humain ? »

Pendant que vous méditez…

1. Allez sur Wikipedia, cliquez sur « Un article au hasard » ou suivez ce lien. Le premier article que vous trouvez est le nom de votre groupe.

2. Allez sur ce site pour une citation en anglais, ou ici pour une en français. Les trois ou quatre derniers mots de la dernière citation sont le titre de votre premier album.

3. Suivez ce lien vers Flickr. La troisième photo (quelle qu’elle soit, ne trichez pas) est votre pochette d’album.

4. Au moyen de Photoshop ou tout autre logiciel de retouche d’image, créez votre pochette d'album avec ces éléments.

5. Postez la sur votre blog avec ce texte dans la description et taggez toutes les personnes que vous voulez voir participer.

03 janvier 2009

Deux-mille-neuf

À une époque lointaine, les années commençaient le premier avril, suivant ainsi — volontairement ou non, je l’ignore — le cycle naturel des saisons : printemps, été, automne… Aujourd’hui, c’est au début de l’hiver que les calendriers prennent une ride. Comme pour nous signifier que toute fin annonce un commencement ?

Bonne année à tous !