30 octobre 2010

Rêve filaire

Je marchais dans une allée pavée de pierres polies par la pluie et l’oubli, dont je n’apercevais pas la fin. Autour de moi riaient les ombres, et à travers le silence je percevais les échos affilés de leurs railleries.

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Comme perdu, un vent nocturne aux froides origines s’engouffrait de temps à autre entre les bâtiments anonymes, sans parvenir à perturber la morne et impassible grisaille ambiante. Nulle âme égarée n’était là pour s’étonner du silence qui accompagnait mes pas lorsque cessait la lancinante plainte aquilone.

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Ma cape épousait l’obscurité tandis que devant moi, les contours d’une silhouette recroquevillée commençaient à se découper dans le manteau de la nuit. Alors que j’atteignais l’être à genoux, j’eus l’impression fugace d’une figure enfantine serrée contre sa poitrine, les traits comme apaisés par un sommeil trop longtemps attendu.

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Les ombres s’étaient tues, l’appétit éveillé par le parfum de conclusion qui imprégnait l’air. Mes mains agrippèrent le manche de mon outil et je le tendis au dessus de l’homme, en un geste répété tant de fois qu’il me semblait que mes bras étaient au repos lorsque je levais ainsi mon instrument.

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À la lueur de la lame, j’aperçus sur son visage figé quelque chose dont l’éclat et la forme évoquaient la lune mourante. Et tandis que s’abattait ma faux, je cherchais en vain dans ma mémoire la signification de cette expression que je ne connaissais pas…