29 décembre 2011

Une apparition (bis)

Vous patientez un moment devant le miroir, sans bouger, comme pour ne pas perturber la jeune femme, qui continue d’écrire. Si son absence vous trouble beaucoup, votre présence dans la réalité renvoyée par le miroir ne semble, elle, pas la déranger… À moins qu’elle ne l’ait pas remarquée ?

Vous pouvez tenter d’en avoir le cœur net en l’appelant à voix haute. Sinon, choisissez entre retourner près du livre, retourner près de la cheminée, aller examiner le lit, ou quitter la maison. Dans ce dernier cas, décidez entre :
— en faire le tour ;
— quitter le sentier pour vous enfoncer dans les bois qui le bordent sur la gauche ;
— continuer de marcher dans la même direction ;
— revenir sur vos pas.

25 décembre 2011

Une apparition

Vous faites quelques pas en direction de la petite table en fer ouvragé qui supporte le miroir rectangulaire. Votre visage, qui se reflète dans la glace, affiche brusquement une expression stupéfaite teintée de peur lorsque vous apercevez, derrière votre reflet, la présence d’une silhouette féminine ! Vous faites aussitôt volte-face… mais votre regard n’embrasse que le vide.

Vous tournez à nouveau la tête vers la glace. La femme, ou plutôt son reflet, est toujours là… Elle semble être assise juste derrière vous et vous tourner le dos. Mais vos yeux ont beau balayer la pièce, il n’y a pas âme qui vive en dehors de vous-même… Vous portez une nouvelle fois votre regard, hésitant, vers le miroir et fixez un peu plus longuement cette étrange apparition… Apparemment une jeune femme, bien qu’il soit difficile d’en juger en ne la voyant que de dos, une certaine maturité semble pourtant se dégager d’elle. Elle tient dans sa main une plume avec laquelle elle écrit sur les pages d’un livre ouvert. Une fois de plus, vous vous retournez… Le livre et la plume sont bien là, sur la table, mais le premier est refermé et la seconde repose sagement dans son encrier…

Vous pouvez essayer de parler à voix haute pour tenter d’entrer en communication avec cette personne, aussi étrange qu’une telle éventuelle conversation puisse paraître. Vous pouvez également attendre devant le miroir afin de voir ce qu’elle va faire. Sinon, vous pouvez retourner près de la seconde table pour y feuilleter à nouveau les pages du livre qui y est posé, revenir près de la cheminée, ou encore vous approcher du lit.

Vous avez également la possibilité de quitter la maison. Dans ce cas, vous pouvez :
— choisir d’en faire le tour ;
— quitter le sentier pour vous enfoncer dans les bois qui le bordent sur la gauche ;
— continuer de marcher dans la même direction ;
— revenir sur vos pas.

21 décembre 2011

Près de la cheminée

Vous faites quelques pas vers le fond de la pièce et la cheminée. Les cendres de l’âtre, froides, semblent indiquer que le feu qui les a consumées s’est éteint il y a un certain moment, mais vous pouvez tout de même essayer de les raviver avec le soufflet si vous le désirez. La bourse de cuir est fermée par un cordon que vous déliez afin d’en découvrir le contenu, mais il s’avère qu’elle est vide. Vous portez alors votre attention sur le coffret, dont vous soulevez le couvercle, découvrant à l’intérieur trois petites épingles à chignon dorées en forme de fleur…

Maintenant que vous êtes proche de la statuette, vous vous apercevez qu’elle est faite de bois d’ébène, étroite et gravée de part et d’autre ; fixée à un socle par une petite tige. Vous ne pouvez vous empêcher d’admirer la sensibilité avec laquelle l’artiste qui l’a sculptée a souligné la féminité et la finesse des traits de la jeune femme dont il a représenté le visage, le profil gravé à l’identique de chaque côté, symétrie parfaite qui rend impossible d’attraper son regard, perdu vers un horizon qui vous est inconnu… De fines et claires stries ondulantes dessinent une chevelure que l’imagination ne peut s’empêcher de voir dorée, et le relief de lèvres délicates dévoile un sourire qui paraît vouloir suppléer ce regard impuissant à croiser celui du contemplateur, comme pour communiquer à sa place l’insaisissable rêverie qui émane de cette icône… Vous ne sauriez dire pourquoi, mais quelque chose dans le portrait de cette femme vous bouleverse profondément…

Vous avez la possibilité de prendre la bourse et les bijoux (que ce soit tous les trois ou juste un ou deux) si vous le désirez. Après quoi, vous pouvez :
— retourner près de la table au livre ;
— vous approcher du miroir ;
— examiner le lit.

Si vous pensez qu’il est temps de quitter cette maison, décidez entre :
— en faire le tour ;
— quitter le sentier pour vous enfoncer dans les bois qui le bordent sur la gauche ;
— continuer de marcher dans la même direction ;
— revenir sur vos pas.

11 décembre 2011

Attends-moi…

Une semaine.

Je me moque de ces chiffres. Je me moque de ces dates. Le chagrin n’est pas plus grand ni moins atroce aujourd’hui que ces sept derniers jours.

J’ai tant pleuré. Tant, tant pleuré…

Tu étais, tu es, parmi les êtres qui comptaient le plus à mes yeux et à mon cœur.

Je t’aimais tant… Je t’aime tant…

Je ne suis pas sûr de la raison que me pousse à écrire ces dernier mots. Je ne sais si, de là où tu es, ils te parviendront. Mais si les paroles se diffusent dans cette éternité qui nous sépare désormais, je veux croire que l’empathie qui me dévaste dépassera l’infranchissable frontière.

Il y a si peu de personnes pour qui je crois compter. Tu étais l’une d’elles. Tu es l’une d’elles. Et tu sais combien il m’est difficile de croire une telle chose…

Tu entrais dans la vie des gens pour ne plus jamais en ressortir. Tu es entrée au plus profond de mon cœur, cet endroit que, moi-même, je ne connais pas. La vie me l’a arraché, mais tu ne le quitteras jamais. Jamais. Jamais.

Je me souviens de nos longues conversations. De nos vies que nous nous racontions. De ton sourire. De tes rires. De tes larmes, parfois, ces larmes que je mettais toute mon âme à effacer de ton visage lorsque tu venais vers moi le cœur triste, en proie au doute, au désespoir. Car tu étais une partie de mon âme.

Mais comment peut-on vivre avec une âme mutilée ?

Tu ne croyais pas à l’éternité de ma solitude. Tu aimais faire semblant (et encore, pas tout le temps !) de me frapper lorsque je niais d’un sourire tes mots d’espoir et de réconfort.

J’aimerais tant te voir me sermonner à nouveau, en ce moment-même…

Tu m’avais dit, un jour, que tu détestais les adieux. Que tu détestais dire au revoir.

Tu comprendrais si aisément ce que je ressens, en ce moment…

Tu étais la seule personne qui me donnait ce sentiment si merveilleux d’avoir besoin de moi autant que j’avais besoin d’elle.

Tu étais mon soleil en hiver. C’est dans le froid et la nuit que je marche, dorénavant. Seul…

Je ne veux pas m’arrêter de marcher. Je veux continuer à avancer, pour toi. Je veux qu’au bout de la route — aussi courte ou longue que la vie en décidera —, lorsque, enfin, nous nous prendrons à nouveau dans nos bras, nous nous racontons tout ce que nous aurons vécu.

L’attente sera longue. Terrible, par moments. Il y aura encore bien d’autres larmes que toutes celles que je verse sans arrêt depuis que tu es devenue le plus bel ange que comptent les cieux.

Je t’aimerais toujours. Toujours. Toujours.

Merci pour tout.

11 novembre 2011

Un étrange livre

Vous vous approchez de la table et soulevez la couverture du livre dans l’intention d’en feuilleter les pages mais, à votre grande surprise, celles-ci sont toutes évidées ! De la première à la dernière, l’ouvrage est traversé par un large trou aux bords noircis, comme si le papier avait été brûlé. Pourtant, la reliure semble, elle, parfaitement intacte.

L’absence de place pour l’écriture attire machinalement votre regard vers la plume d’oie, dont la présence devient intrigante… Un coup d’œil dans l’encrier vous révèle qu’elle ne trempe dans aucune encre. En lieu et place du liquide noirâtre, en effet, vous distinguez une fine poudre de couleur vert et or, dont l’utilité vous laisse perplexe.

Si vous possédez quelque chose pour la recueillir (bourse, sachet…), vous pouvez ramasser cette étrange poudre (vous pourrez alors l’utiliser à n’importe quel moment où la situation vous paraîtrait adéquate). Vous pouvez également vous emparer de la plume. Après quoi il vous faudra décider de votre prochaine action :
— examiner plus en détail les objets de la cheminée et la cheminée elle-même ;
— vous approcher du miroir ;
— examiner le lit.

Si vous préférez sortir de cette maison, choisissez entre :
— en faire le tour ;
— quitter le sentier pour vous enfoncer dans les bois qui le bordent sur la gauche ;
— continuer de marcher dans la même direction ;
— revenir sur vos pas.

05 novembre 2011

Dans la maison

Vous tournez la poignée, poussez la porte et entrez dans ce qui semble être l’unique pièce de la maison, pauvrement meublée. Le mur qui vous fait face abrite une cheminée sur le linteau de laquelle vous apercevez une statuette représentant le visage d’une femme vue de profil, posée entre une bourse de cuir et une petite boîte de bois laquée. Un soufflet est suspendu à un clou planté dans la chaux cimentant les briques qui encadrent le foyer où un amas de cendres témoignent de l’existence éphémère d’un feu de bois. À votre droite, une chaise est rangée sous une table sur laquelle une plume d’oie reposant dans un encrier semble veiller sur un livre refermé. Face à lui, sur votre gauche, vous voyez un miroir rectangulaire au cadre de bois, soutenu par une petite table ronde et incliné contre le mur. Le long d’icelui s’étend un lit dont la tête s’appuie contre le mur qui abrite la porte d’entrée et la fenêtre. Il n’y a pas d’autre ouverture.

Vous pouvez :
— examiner plus en détail les objets de la cheminée et la cheminée elle-même ;
— feuilleter les pages du livre ;
— vous approcher du miroir ;
— examiner le lit.

Vous avez également la possibilité de quitter la maison. Dans ce cas, vous pouvez :
— choisir d’en faire le tour ;
— quitter le sentier pour vous enfoncer dans les bois qui le bordent sur la gauche ;
— continuer de marcher dans la même direction ;
— revenir sur vos pas.

08 octobre 2011

Une maison sur le sentier (ter)

Vous vous approchez de la fenêtre, derrière laquelle vous apercevez une pièce dont les dimensions semblent épouser la largeur de la maisonnette, ce que confirme l’apparente absence de porte autre que celle de l’entrée. Portant votre regard vers le fond de la cabane, vous distinguez une cheminée sur le linteau de laquelle semblent posés quelques bibelots que vous ne parvenez cependant pas à discerner suffisamment nettement pour les identifier. Aucun feu ne brûle dans le foyer. Le long du mur de droite, vous remarquez, posé sur une table sous laquelle une chaise est rangée, un livre placé à côté d’un petit encrier duquel émerge une plume d’oie. Appuyé contre le mur opposé, un miroir se dresse sur une seconde table, plus petite et de forme circulaire. Le long de ce même mur, près de la porte d’entrée, vous saisissez du coin de l’œil l’extrêmité d’un lit. Bien que tout désigne l’endroit comme habité, il semble n’y avoir, pour l’heure, nulle âme qui vive.

À présent, allez-vous :
— essayer d’entrer dans la maison ?
— en faire le tour ?
— quitter le sentier pour vous enfoncer dans les bois qui le bordent sur la gauche ?
— continuer de marcher dans la même direction ?
— revenir sur vos pas ?

03 septembre 2011

Une maison sur le sentier (bis)

Vous frappez trois coups, puis vous tendez l’oreille. Nul bruit de pas ou d’une quelconque réaction, cependant, et la porte reste close.

Voulez-vous :
— essayer d’entrer dans la maison ?
— tenter de regarder à l’intérieur par la fenêtre ?
— en faire le tour à nouveau ?
— quitter le sentier pour vous enfoncer dans les bois qui le bordent sur la gauche ?
— continuer de marcher dans la même direction ?
— revenir sur vos pas ?

27 août 2011

Un puits de pierre

Vous faites le tour de la maison. Il n’y a pas d’autre entrée ni d’autre ouverture que la porte et la fenêtre qui donnent sur le sentier. Derrière la maison, toutefois, vous découvrez une petite aire dépourvue d’arbres au centre de laquelle se trouve un puits à eau recouvert d’un petit toit fait d’ardoises et soutenu par une charpente de bois reposant sur une margelle de pierre. Entre le puits et la maison, l’herbe se fait mauvaise et parcimonieuse, et la terre semble retournée à de nombreux endroits, comme si quelqu’un avait entretenu ici un petit potager il y a longtemps.

En vous approchant du puits, vous apercevez à l’intérieur un seau suspendu à une corde enroulée autour d’un cylindre de bois faisant office de poulie. L’extrémité de la corde est attachée à une petite tige de fer enfoncée dans l’un des montants. Vous vous penchez pour regarder dans le trou circulaire, mais vous ne parvenez pas à distinguer le fond.

Que désirez-vous faire, maintenant ?
— jeter un caillou dans le puits ?
— essayer de remonter de l’eau dans le seau ?
— descendre dans le puits à l’aide de la corde ?
— rester vous reposer un instant ?
— vous enfoncer dans les bois derrière la maison ?

Vous pouvez également retourner devant la maison. Dans ce cas, souhaitez-vous :
— frapper à la porte ?
— essayer d’entrer dans la maison ?
— tenter de regarder à l’intérieur par la fenêtre ?
— quitter le sentier pour vous enfoncer dans les bois qui le bordent sur la gauche ?
— continuer de marcher dans la même direction ?
— revenir sur vos pas ?

20 août 2011

Une maison sur le sentier

Vous suivez le sentier pendant un long moment, prenant garde aux racines noueuses qui affleurent de temps à autre comme pour vous faire trébucher traîtreusement. À quelques occasions, le chemin de terre qui vous guide à travers les arbres vous invite à un détour, mais c’est à chaque fois pour mieux reprendre sa direction d’origine. Inlassablement le même paysage sylvain défile au fur et à mesure que vous marchez. Vous ne croisez rien de plus marquant que quelques fougères, et le silence de la forêt devient oppressant. Vous persévérez, néanmoins.

Votre patience est récompensée lorsque, enfin, la monotonie du décor est brisée par l’apparition de ce qui ressemble à une petite maison. Située à quelques pas devant vous, du côté droit du sentier, ses murs semblent de bois et son toit est recouvert de chaume. Promptement, vous vous en approchez. La maisonnette est à peine suffisamment grande pour échapper au nom de « cabane ». Il semble qu’on y entre par une porte enchâssée dans le mur qui vous fait face. Une fenêtre y est également encastrée, à droite de la porte. Vous ne voyez pas de rideau accroché derrière.

Souhaitez-vous :
— frapper à la porte ?
— essayer d’entrer dans la maison ?
— tenter de regarder à l’intérieur par la fenêtre ?
— en faire le tour ?
— quitter le sentier pour vous enfoncer dans les bois qui le bordent sur la gauche ?
— continuer de marcher dans la même direction ?
— revenir sur vos pas ?

15 août 2011

Il est passé par ici…

Vous vous dirigez vers l’extrémité de la clairière par laquelle a disparu la créature qu’il vous a semblé apercevoir. C’est avec difficulté que vous vous enfoncez dans les fourrés denses. La broussaille et les ronces vous obligent à progresser lentement. Tout en vous frayant tant bien que mal un chemin à travers les buissons et les branches, vous scrutez attentivement votre environnement dans l’espoir de repérer une silhouette blanche. En vain.

Progressivement, la végétation se fait moins touffue, et lorsque vous parvenez enfin à vous extraire de cet écheveau végétal, vous vous retrouvez devant un long chemin de terre s’étendant aussi loin que votre regard porte, sur votre gauche comme sur votre droite. Planté devant vous, un poteau. Fixées à son sommet, deux pancartes taillées en pointe à leur extrémité semblent indiquer chacune une direction opposée, mais aucun signe n’orne ces étranges panneaux. Au-dessus de votre tête, les arbres étendent leurs branches feuillues, formant comme une voûte qui ne laisse passer la lumière qu’avec réticence. Le demi-jour diffuse cependant suffisamment de clarté pour que vous puissiez apercevoir à vos pieds deux choses insolites. La première est une touffe de poils blancs accrochée aux épines d’un chardon aux fleurs pourpres. La seconde est un champignon brun au pied large et clair et au chapeau parfaitement lisse et circulaire, qui semble pousser à l’ombre du poteau de bois.

Vous pouvez cueillir le champignon et/ou le chardon, ainsi que ramasser la touffe de poils. Vous pouvez aussi manger le champignon si vous le souhaitez. Si vous décidez de l’emporter avec vous, vous pourrez le consommer à tout moment.

Qu’allez-vous faire, à présent ?
— prendre le sentier dans la direction de gauche ?
— prendre le sentier dans la direction de droite ?
— continuer à vous enfoncer dans la forêt ?
— revenir sur vos pas jusqu’à la clairière ?
— rester sur place, et attendre ?

30 juillet 2011

Il était une fois…

Vous êtes dans une petite clairière ceinte par de vénérables chênes au-delà desquels votre regard n’attrape que les quelques nuances de vert que laisse filtrer une frondaison dense. L’herbe haute chatouille vos chevilles tandis que d’un ciel uniformément bleu le soleil darde ses rayons d’été, desquels vous protège l’ombre des branches séculaires qui jaillissent du tronc à l’écorce rugueuse sur lequel votre dos repose. Vous pourriez faire partie d’un tableau tant tout paraît calme et immobile, et ne serait-ce le frémissement des feuilles lorsqu’un vent égaré s’en vient soupirer parmi les cimes, vous vous attendriez presque à voir surgir une main géante munie de son pinceau ajouter ça et là quelques touches colorées à votre décor.

Il ne semble y avoir ni entrée ni sortie à la clairière hormis, peut-être, une petite trouée dans son côté droit, tâche sombre au milieu de la verdure. Devant vous, au-delà des arbres, vous distinguez les monts enneigés de quelque massif. Soudain, votre œil capte un mouvement furtif sur votre gauche. Vous tournez aussitôt la tête mais ne parvenez qu’à entrapercevoir une petite silhouette blanche s’enfoncer dans les fourrés dans un frou-frou de feuillages.

Allez-vous :
— tenter de suivre la créature ?
— quitter la clairière par le petit passage ?
— vous enfoncer dans la forêt, droit devant-vous ?
— y pénétrer par la partie à laquelle vous tournez le dos ?
— vous allonger dans l’herbe, et attendre ?

13 juillet 2011

L’éphémère a-t-il de la valeur ?

Sujet de l’épreuve de philo du bac il y a une dizaine d’années. (Pas l’année où je l’ai passé, bien que je ne me rappelle plus du sujet sur lequel j’étais tombé.)

Je ne sais pas pourquoi, cette question m’est restée en tête et j’y ai souvent pensé par la suite, essayant d’y trouver une réponse.

Le problème avec les questions de philo, c’est qu’il faut d’abord en définir les termes. Et comme en général, il n’y pas qu’un seul sens possible aux mots… on se retrouve vite à répondre à une autre question que celle posée.

Essayons quand même… Qu’est-ce qu’« avoir de la valeur » ? La notion de valeur me semble impliquer celle de jugement. Quelque chose qui a de la valeur pour quelqu’un, c’est quelque chose qui compte à ses yeux, qui possède un intérêt. On se contentera de cette définition… (J’ai tendance à dire « on » pour «  je ».)

Qu’est-ce que l’éphémère ? Au sens premier du terme, quelque chose qui ne dure pas. Là, c’est un peu plus difficile de se contenter de cette définition… En effet, qu’est-ce que quelque chose qui ne dure pas ? Qu’est-ce que « durer » ? Tout dépend de la façon dont on considère l’objet auquel s’applique cette notion, à mon avis. J’en vois deux : soit on considère un état particulier de l’objet, soit on le considère dans sa globalité, notamment en prenant en compte son interaction et son influence sur l’environnement.

Prenons l’exemple d’un monument. On peut considérer qu’il « dure » jusqu’à ce qu’il soit détruit par un événement ou simplement l’usure du temps (ce qui s’accorde bien avec la notion de durée). Mais cesse-t-il d’avoir « de la valeur » pour autant ? Certes non, ne serait-ce que tant que son souvenir demeure dans la mémoire des gens. On peut aussi prendre l’exemple d’une vie humaine. Le souvenir d’un homme demeure bien au-delà de sa mort. Et quand bien même son souvenir disparaîtrait, par la façon dont il a modifié son environnement, son influence demeurera ad vitam æternam. En effet, je ne crois pas un instant que le monde pourrait être identique si on avait la possibilité de retourner dans le passé et qu’on décidait de l’utiliser pour empêcher la naissance d’une personne prise au hasard (non, je ne fais pas référence à Terminator). Les changements seraient peut-être minimes, mais ils seraient là, et peut-être (probablement ?) modifieraient-ils de façon plus radicale encore un futur lointain. L’effet papillon ramené à l’échelle des relations humaines.

En somme, si on considère que la notion d’éphémérité s’applique à un état donné d’un objet (au sens large du terme : monument, être humain…), il me paraît indéniable que l’éphémère a de la valeur. Si, au contraire, on considère que quelque chose dure tant que son souvenir ou son influence demeure (pour résumer), alors l’éphémère n’existe tout simplement pas.

Cette réponse a l’avantage de ne pas considérer la notion d’éphémérité sous l’angle de la durée « relative ». J’ai pris l’exemple d’un monument. Certains existent depuis plusieurs milliers d’années. Or, en général, on attribue plus volontiers le qualificatif d’« éphémère » à quelque chose dont l’existence se mesure en secondes, minutes, heures… voire en jours, mais rarement plus. Mais je trouve cette façon de considérer l’éphémérité… disons fluctuante, et sujette au changement en fonction de l’observateur. Il me semble ardu d’analyser une notion dont la définition change selon le point de vue. Je préfère donc y appliquer une définition binaire qu’on pourrait résumer par « est éphémère ce qui cesse d’exister au bout d’un certain moment », « cesser d’exister » pouvant, à mon avis, être traduit de deux manières, celles que j’ai décrites plus haut.

J’ai dit que la valeur était liée (pour moi) à la notion de jugement. J’ai également écrit que l’éphémère possédait de la valeur ou n’existait pas car, dans ce dernier cas, tout objet modifiait son environnement et y imprimait une influence durable, ou plutôt : sans fin.

Mais est-ce vraiment le cas ?

Cette notion d’infini ne peut être vraie que si l’univers dans lequel nous évoluons est, lui aussi, sans fin. De « l’éphèmere n’existe pas », on passerait ainsi à « tout est éphémère » ! Le problème, c’est que je ne connais personne capable de savoir si tel est le cas ou non.

Le premier cœur de la question originelle, en revanche, est plus intéressant. La « valeur » est liée au jugement, donc à la conscience. Cette conscience est-elle elle-même éphémère…?

D’un point de vue individuel, c’est fort possible. Nul ne sait ce que devient notre conscience après notre mort. Certains croient en l’immortalité de l’âme, d’autres sont purement matérialistes, mais personne n’a la réponse. À nouveau, nous sommes bloqués pas notre ignorance. (J’ai aussi tendance à dire « nous » pour « je », et je ne précise pas toujours que ce que je dis n’engage que moi, donc pardonnez-moi si, par moments, j’oublie d’écrire « selon moi », « à mon avis », ou toute autre expression similaire dont je ne suis pourtant pas avare.)

On pourrait considérer que ça n’a pas d’importance. Si notre conscience est vouée à disparaître et que la valeur de toute chose cesse ainsi d’être à nos yeux, elle est toujours présente tant qu’il existe d’autres consciences pour entretenir cette valeur. Cela pose toutefois l’intéressante question de l’individualisme… Mais c’est un sujet beaucoup trop vaste — bien qu’il m’intéresse beaucoup — pour que être abordé ici. Peut-être un autre jour…

La notion de valeur reste liée à celle de la conscience (collective plutôt qu’individuelle, donc) et pose la question de l’éphémérité de cette dernière. Nous sommes passés de « l’éphémère a-t-il de la valeur ? » à « la valeur est-elle éphémère ? »

Il est malheureusement (ou heureusement, c’est selon) peu probable que l’humanité soit immortelle. « L’univers est né sans l’homme et mourra sans l’homme », disait Claude Lévi-Strauss. Si la valeur est liée à la conscience comme je l’ai écrit plusieurs fois, alors elle est, très probablement, éphémère… À la question « l’éphémère a-t-il de la valeur ? », on répondrait alors par « tout est éphémère, y compris la valeur… » du moins si on considère que la valeur est effectivement intrinsèquement liée à la conscience. Encore une fois, est-ce vraiment le cas ?

Vaste sujet, une fois de plus. Peut-être que lui aussi fera l’objet d’un nouveau message. Un jour…

11 juin 2011

Tu ne liras jamais ces mots

Voilà quelque temps que tu frappes à la porte de mes souvenirs. De jour, comme de nuit. Non que tu les aies jamais quittés ; au contraire, si le sort devait me les prendre, je te cacherais pour qu’il ne te trouve pas. Si ma vie m’échappait, tu resterais le seul témoignage de celui que j’ai été, l’unique source de lumière et de chaleur de mon âme, ce feu perpétuel qui brûlait mon cœur il y a… si longtemps.

Pourquoi pensé-je autant à toi ? Peut-être parce que les moments présents résonnent en moi comme un écho de ces jours lointains. Ma lettre… L’as-tu gardée ? J’aimerais croire que oui. J’aimerais.

Songes-tu à moi, de temps en temps ? Sans doute pas. C’est parfait ainsi. Tu as tout pour être heureuse, je ne veux pas gâcher ce bonheur. Tu m’inspires trop de respect pour que je cherche à raviver une amitié qui n’a probablement plus de sens à tes yeux. J’aimerais tant, pourtant, recréer le lien que je chérissais tant, juste l’espace d’un instant, comme dans chaque rêve où je te retrouve. Que je suis heureux, dans ces moments. Que j’aimerais ne pas me réveiller.

Je ne te reverrai jamais. « Jamais. » Ce mot me brûle. Au fer rouge, la vie l’imprime dans mes chairs. Craint-elle que je l’oublie ?

Tu me manques.

Tu me manques.

21 mai 2011

Rien.

09 mai 2011

Réflexions intimes

Depuis un certain temps, une question me trotte dans la tête sans que je puisse vraiment la formuler. Je me la suis posée en repensant à deux scènes issues d’œuvres de fiction. La première est tirée de L’Homme invisible, de H. G. Wells, la seconde de la série Heroes — on a les références qu’on peut…

Dans les deux cas, le personnage à l’origine de mon interrogation est un homme qui possède la faculté de se rendre invisible : le docteur Griffin dans L’Homme invisible et Claude Rains dans Heroes. Tous deux ont pour point commun d’éprouver un certain mépris pour le genre humain. Étant, en effet, capables de surprendre les gens dans leur intimité, ils ont plusieurs fois eu l’occasion de constater un décalage de comportement de leur part selon qu’ils s’expriment en public ou en privé. D’après eux, nous ne serions que des hypocrites lorsque nous nous trouvons face aux autres, et ne révèlerions notre vraie nature que lorsque nous nous croyons à l’abri des regards.

Impossible de ne pas reconnaître au moins un fond de vérité à cette assertion. Il est indéniable que l’on fait plus attention à ce qu’on dit d’une personne quand on est en face d’elle, par exemple, ainsi il est rare qu’on déclare à quelqu’un qu’on n’apprécie pas ce qu’on pense de lui. Ou même qu’on évoque les défauts d’un ami en le regardant dans les yeux, alors qu’on ne se retient pas forcément de le faire dans son dos. Sommes nous pour autant « faux » lorsque nous sommes en face des gens ? Est-ce que nous nous forçons à adopter une attitude face à eux, à porter un masque qu’on ôte sitôt qu’on en a l’occasion ?

Si j’ai tendance à penser que, effectivement, nous agissons différemment en public et en privé, je pense, contrairement aux deux personnages cités précédemment, que le visage que nous affichons dans l’intimité n’est pas forcément celui qui se rapproche le plus de notre vraie personnalité, et que c’est parfois même l’inverse.

On se laisse souvent aller, quand on est seul — ou, du moins, quand on se croit seul. On décompresse, on laisse libre-cours à ses pensées, on ne filtre plus. On râle un bon coup contre quelqu’un qui nous a énervé, même si c’est un ami qu’on apprécie en temps normal, alors qu’on n’a pas osé le faire en face de lui, pour ne pas le blesser. Une fois seul, en revanche, on peut se défouler sans que ça prête à conséquence.

C’est là le point important, à mon avis. Dans l’intimité, on ne risque pas de blesser qui que ce soit. En revanche, à partir du moment où nos actes ont une conséquence, il convient de les mesurer. Dans le premier cas, on peut se laisser aller sans réfléchir (la connerie est la décontraction de l’intelligence, disait Gainsbourg), dans le second cas, il faut choisir si on se laisse aller ou si on maintient le contrôle.

Or, je pense, ce sont nos choix qui déterminent qui nous sommes. J’aime imaginer l’être humain comme une composante de trois éléments : le corps, le cœur et l’esprit. Et je pense que ce sont essentiellement les deux derniers qui nous définissent. Un choix demande une réflexion, une action de l’esprit. Gueuler un bon coup n’est qu’un besoin naturel exprimé par le corps. On ne peut pas s’empêcher de ressentir certaines choses, par contre, on peut choisir d’y prêter attention ou pas. C’est ce choix, je pense, qui détermine vraiment qui nous sommes. Mais il est difficile d’aller tout le temps contre ce qu’on ressent, c’est pourquoi on a parfois besoin d’ouvrir les vannes et de décompresser lorsque l’on est seul. Lorsque, comme je l’écris plus haut, on ne craint pas les conséquences.

Imaginons que je sois au téléphone avec une personne que j’aime beaucoup. Cette personne ne va pas bien et a besoin de parler. Ça tombe bien, je suis là. Problème : il est très tard, je suis complètement crevé et je n’aspire qu’à aller me coucher. Je reste, pourtant, par amitié. Peut-être qu’en raccrochant, je pousserai alors un gros soupir de soulagement… Mais ce ne sera que la manifestation de ma fatigue, que je pourrai enfin libérer.

Ce n’est, bien sûr, pas pour ça qu’on n’est pas hypocrite lorsque l’on parle à quelqu’un (prenez les hommes politiques…), je pense simplement qu’on ne peut juger quelqu’un sur ce qu’on peut surprendre de lui dans son intimité. Je doute fort que quiconque ait un jour écrit sur moi dans son journal intime, mais si c’était le cas et que le hasard me faisait tomber sur ces lignes me concernant, il est très probable qu’elles ne me plairaient pas forcément. Devrais-je m’en sentir vexé ? Je ne pense pas… Ou plutôt, je sais que je ne devrais pas me fier à ces mots. Ils seraient peut-être l’expression de ce que pense vraiment la personne, ou juste un ressenti qu’elle aurait eu besoin de coucher sur le papier. Il y a une telle scène dans Le Journal de Bridget Jones — je continue dans les références hautement culturelles… Vers la fin du film, l’homme dont Bridget est amoureuse (pardonne-moi, Connie, j’ai oublié son nom) tombe sur des pages de son journal sur lesquelles est écrit plusieurs fois « I hate him! ». Aïe… Sauf que ces mots ne reflètent nullement ce qu’elle pense (ni ne pensait) réellement, ils ne sont que l’exutoire de la frustration de Bridget à un moment donné. D’ailleurs, Mark Darcy (ça y est, j’ai retrouvé son nom, merci Wikipédia) le comprend très bien, heureusement pour elle.

En résumé, le décalage de comportement entre la sphère public et privée n’a, pour moi, pas que l’hypocrisie pour seule et unique cause possible. Le fait est qu’on ne peut pas savoir. L’intimité n’est pas un terreau plus propice à la sincérité que n’importe quel environnement social car, à mon sens, ce ne sont pas nos pensées, nos sentiments ou nos émotions qui décrivent ce que nous sommes, mais ce que nous faisons de ces pensées, de ces sentiments ou de ces émotions.

19 mars 2011

Retour

À plusieurs reprises, dans des moments où l’espoir allait voir ailleurs si l’herbe était plus verte, je suis venu me réfugier en ce lieu, y laisser une empreinte de mes pensées.

Je tiens un journal que je suis le seul à lire et la plupart du temps c’est à ses pages que je confie les fruits (amers) nés des ombres de mon cœur. Quelques fois, cependant, j’ai transgressé cette règle en m’épanchant en cet espace public — si tant est qu’on puisse qualifier de public un blog dont les doigts d’une seule main suffisent à en compter les lecteurs réguliers, lecteurs que je pense tous connaître (peut-être me trompé-je ; j’en serais surpris).

Or, doucement, j’en suis venu à m’interroger sur les conséquences de tels messages, écrits à l’encre triste. La plus immédiate, c’est qu’ils me font du bien et c’est évidemment la raison pour laquelle je choisis de les laisser passer la frontière de mon intimité, au-delà de laquelle ils puisent leur vertu cathartique. Mais je ne peux m’empêcher d’en ressentir une certaine gêne, une fois l’effet thérapeutique passé. Je ne suis pas sûr de savoir pourquoi. Peut-être tout simplement l’image que ces mots peuvent renvoyer de moi. Non qu’elle soit fausse, et c’est, d’ailleurs, peut-être bien le problème…

Quelle que soit la réponse, je préfère désormais garder pour moi ces réflexions. C’est peut-être une mauvaise idée, je verrai bien… J’ai commencé par faire un passage dans les archives de Labyrinthe pour y retirer les messages de ce type. J’en ai toutefois laissé quelques uns, car la mélancolie m’inspire parfois de jolis textes…

Peut-être, qu’un jour, j’aurai d’autres sources d’inspiration.