28 mai 2007

Sadbye


Hier, Camille, Davina, François, Marie, Maxime… Aujourd’hui, Sandra. Demain, Céline, Florence…
Mes amis,
Que reste-t-il…

Depuis une semaine, chaque jour est un adieu. Chaque soirée j’embrasse et j’étreins tout ceux que j’ai appris à connaître. Que je déteste dire au revoir… Je tourne la tête, et pendant quelques secondes je grave dans ma mémoire l’image de ce visage que je ne reverrai plus jamais. Jamais. Je hais ce mot. Crève-cœur…

Je sais que le temps pansera les plaies, que la tristesse laissera place à la mélancolie, qu’elle-même ira se loger quelque part dans un coin de mon cœur où – magie des liens – se côtoient tous ceux que j’ai connus et qui ne se connaissent pas. Je sais que ces souvenirs s’endormiront avec la douleur, ne se réveilleront qu’occasionnellement, réveillés par la pluie frappant la vitre, la complainte du vent dans les arbres, l’obscure clarté des étoiles une nuit de solitude…

Faut-il donc, pour que la tristesse s’en aille, se résigner à cette fatalité qui nous éparpillera tous au quatre coins du monde ? Ne sommes-nous donc que les pièces d’un puzzle rassemblé par un enfant pour le plaisir sadique de le détruire à peine complété, avant de retourner piocher d’autres pièces dans la boîte, d’autres âmes à rassembler patiemment, jour après jour, pour jouir du plaisir de la destruction au bout d’une nouvelle année…

Je ne veux pas vous perdre. Je ne veux pas vous quitter. Je veux vous revoir. Je veux…

Je me sens perdu. Abandonné, comme ce porte-document trouvé sur le chemin, rempli de dessins. Monstre d’abstraction aux yeux blancs. Horrible visage grimaçant, comme s’il se régalait du malheur. Ange blond aux yeux rêveurs, les miens. Partition rouge, verte, noire, inquiétant reflet du vide que ressent mon cœur. Monstre difforme aux yeux désespérés, visage-cœur rose sang. Diablotin à l’œil fixe, que voit-il en moi ? Gueule cassée dévorée par elle-même. « Hard to say… », dit son œil. « Goodbye » est sans doute le mot qu’il lui manque…

Ce soir, je suis triste, et mes larmes sont d’encre.