10 mars 2010

Feuilles

Le souvenir le plus lié à papy, c’est celui des toilettes de leur ancien appartement. Quand j’allumais la lumière, la radio se mettait en marche. Petit, ça me fascinait.

J’ai en mémoire des images de son atelier, rempli d’objets dont je ne comprenais pas le sens et qui exerçaient sur moi un pouvoir d’attraction hypnotique. Je me souviens de ce vieux projecteur qui passait un dessin animé et du clignotement d’un autre âge dû au passage des images.

Je me rappelle ses histoires de marin qu’il aimait nous raconter et que j’adorais écouter.

Je garde comme un trésor les journaux qu’il avait achetés le jour de ma naissance et qu’il m’avait offerts dix-huit ans plus tard. Que j’aurais aimé perpétuer cette tradition…

Je regrette de ne pas avoir été plus grand pour lui dire combien son don pour le bricolage me subjuguait.

Je regrette l’éloignement et les longues périodes entre les vacances, autant d’occasions manquées de le connaître.

Je regrette que, alors que j’en avais enfin l’opportunité, la mort m’ait interdit de rattraper ce retard.

J’espère que j’aurai une seconde chance, le jour où, à mon tour, j’embarquerai vers ces rivages où, comme je le crois, tu vis désormais.

Et si j’ai tort, alors je suis heureux de ne pas avoir à vivre éternellement avec ce vide.

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